Westlake, Donald
Smoke
Avant-goût :
Freddie est un cambrioleur sans prétention, il fait son casse, récolte un petit butin et puis s'en va... Mais le jour où il décide de cambrioler le mini laboratoire de deux scientifiques employés par l'industrie du tabac, tout déraille et il se retrouve malgré lui cobaye d'une expérience sur le mélanome... Expérience qui le rend, pour le meilleur et pour le pire, invisible...
Critique :
"Smoke" est un roman noir a priori sans autre prétention que de faire rire le lecteur en suivant les tribulations de Freddie, notre gentil cambrioleur invisible. Si certaines scènes sont vraiment cocasses (la scène du Bed and Breakfast, ou encore du portable volant...) le reste du roman joue plutôt sur l'humour noir avec les déboires du couple Freddie/Meg, les vols astucieux etc.
Mais le second intérêt du roman c'est le regard sur l'époque, Donald Westlake réalise sans en avoir l'air un portrait de l'Amérique. Notamment en nous présentant l'industrie du tabac qui n'a aucun scrupule et qui fait tout pour cacher aux fumeurs que la cigarette provoque des cancers. On retiendra par exemple cette citation (adaptée):
"nous avons passé les 40 dernières années à essayer de modifier la cigarette pour qu'elle soit inoffensive pour l'homme, nous allons passer les 40 prochaines à modifier l'homme pour qu'il ne soit plus sensible à la cigarette !"
Malgré tout, l'intrigue tire un peu en longueur et le roman n'aurait été que meilleur s'il avait été allegé de quelques pages...
Au final "Smoke" est un très bon roman, avec une bonne dose d'humour et de critique sous-jacente.
Note :

361
Avant-goût :
Démobilisé, Ray Kelly revient aux Etats-Unis. Les joyeuses retrouvailles avec son père, Willard, et son frère, Bill, vont vite tourner au cauchemar...
Critique :
"361" est un des tout premiers polars de Donald Westlake, le ton est beaucoup plus sombre et l'humour caractéristique de Westlake n'est pas encore présent. Ce roman traite de la vengeance et de la mafia de très belle façon. Les dialogues sont savoureux et toujours justes. De même les personnages et leurs comportements sont très crédibles.
Toutefois il manque quelque chose à ce polar pour le faire sortir du lot, peut-être une intrigue plus complexe, plus ambitieuse.
Finalement "361" est un roman noir sur la vengeance bien traité mais qui manque d'audace.
Note :

A bout de course!
Avant-goût :
Parker se lance avec un comparse dans un audacieux braquage d'un fourgon blindé... Mais pendant la préparation de l'opération, des problèmes inattendus surgissent...
Critique :
Avant de commencer il faut préciser Richard Stark et Donald Westlake sont la même personne, le premier nom étant juste un pseudonyme. Richard Stark met exclusivement en scène un braqueur froid dénommé Parker tandis que Donald Westlake utilise principalement le braqueur comique Dortmunder.
Donald Westalke/Richard Stark nous propose ici un modèle de roman de braqueurs. On y retrouve des braqueurs professionnels, des entourloupes, et un casse sensationnel. Bien sûr tout l'intérêt du bouquin se trouve dans la préparation du braquage. Et là Richard Stark montre tout son savoir-faire : une intrigue dense sur un faible nombre de pages, des dialogues savoureux, des personnages très convaincants, du suspense, des rebondissements aux bons moments, etc.
Le déroulement du braquage est très intense grâce à l'utilisation des récits croisés. Richard Stark nous propose de suivre en même temps les actions de 7-8 protagonistes en des lieux différents en utilisant des courts paragraphes jonglant entre les personnages. Il est donc impossible de lâcher le livre vers la fin et les cinquante dernières pages se lisent extrêmement rapidement. Toutefois un ou deux chapitres de plus auraient été nécessaire vu que Richard Stark laisse le lecteur sur sa faim quant à l'avenir de Parker...
Au final on a là un récit de braquage parfaitement calibré, sans surprise ni innovation mais maîtrisé de A à Z.
Note :

Pierre qui roule
Avant-goût :
Dortmunder sort à peine de prison qu'on lui propose un casse juteux, récupérer la pierre précieuse emblématique d'un petit peuple africain.
Chronique :
Avec "Pierre qui roule" Donald Westlake entâme sa série devenue célèbre autour du personnage de cambrioleur poissard Dortmunder. L'angle de cette série est de se jouer des codes du roman de cambriolage pour y introduire de l'humour à petite dose. Ici on ne rigole pas à gorge déployée, c'est plutôt le sourire aux lèvres à une situation cocasse qui est recherché.
Pour cela, Donald Westlake met en scène une bande assez hétéroclite avec Dortmunder comme cerveau de la bande, un chauffeur obsédé par le chemin idéal, un amateur de trains miniatures et un autre acolyte joueur de billard. Une force de l'auteur est de dessiner ces personnages par la répétition d'un trait de caractère. Ainsi le chauffeur commence toujours à parler longuement du trajet qu'il a fait pour venir et commande toujours la même boisson. Cela donne aux personnages un aspect familier, comme si le lecteur les connaissait bien. Cela sert aussi l'intrigue qui joue sur le comique de répétition avec de multiples casses qui finissent par mal tournés, avec la fameuse pierre qui leur échappe à chaque fois.
Ainsi Donald Westlake commence sa série avec brio, un récit très agréable à lire, surprenant et non dénué d'humour.
Note :
Le couperêt
Avant-goût :
Vous êtes un citoyen modèle qui a perdu son boulôt. Après plusieurs mois de chomage l'évidence se présente à vous : pour obtenir le job de vos rêves, il faut être prêt à tout, y compris supprimer son prochain...
Chronique :
Avec "Le couperêt", Donald Westlake peint une fresque incroyable de la société américaine qui, déjà en 1997 à la publication de ce livre et encore plus vrai dix ans plus tard avec la crise des sub-primes, subit une profonde mutation. Des hommes et femmes qui ont joué le jeu - famille, job, emprunt - toute leur vie se retrouvent soudain sans job mais toujours avec une famille à nourrir et un emprunt à rembourser. La raison : "compression d'emplois", "mauvaise conjecture économique", "ajustements structurels" ou autre expression politiquement correcte pour mettre des employés à la rue.
Ce constat est le point de départ du roman de Donald Westlake. C'est là qu'il choisit la voie du thriller/roman noir satirique pour traiter le sujet à sa manière. Le ton se fait cynique, l'humour très noir et la force de l'auteur est de nous mettre en situation de grande empathie envers ce pauvre père de famille qui met à execution un plan extrème. La réussite de ce roman tient aussi dans la description très réaliste de la société américaine mais aussi des doutes et tourments qui traversent l'esprit du personnage principal. On est cet homme, on tremble avec lui lorsqu'il faut de nouveau passer à l'action.
Au final, Donald Westlake réussit un coup de maître avec ce récit très ancré dans notre époque.
Note :
Argent facile
Avant-goût :
Tous les mois tombe un versement de 100 dollars d'une provenance inconnue. Une manne tombée du ciel jusqu'au jour où...
Chronique :
Pour ce roman "Argent Facile", Donald Westlake est parti comme souvent d'une idée simple. Ici il se pose la question de la réaction d'un honnête quidam qui touchait mystérieusement de l'argent régulièrement, a l'annonce qu'en fait il était sans le savoir un agent du renseignement en sommeil. L'auteur développe alors sa réponse sur 300 pages avec sa marque de fabrique : un mélange de loufoque et de sérieux avec en transparence une analyse sociétale. Ici bien sûr le thème sous-jacent est le rapport à l'argent dans une société toujours plus consumériste. L'autre thème qui se développe plus tard dans le roman est le rapport au patriotisme et à la traîtrise. Malgré ces thèmes intéressants, Donald Westlake ne réussit pas à entretenir un souffle narratif suffisant. L'illusion fonctionne jusqu'au premier tiers mais ensuite l'auteur ne trouve pas de rebondissement adequat pour relancer l'intrigue dans le bon sens. Le reste se lit bien, comme toujours avec Donald Westlake, mais sans piquer de nouveau l'intérêt du lecteur.
Au final "Argent facile" peut être considéré comme un roman mineur de cet auteur prolifique.
Note :

Dégât des eaux
Avant-goût :
Dortmunder vit tranquille à la compagne avec sa compagne lorsqu'un ancien companion de cellule s'invite pour lui proposer un casse peu commun.
Chronique :
Avec "Dégâts des eaux" on retrouve Donald Westlake dans son regirstre préféré, il part d'une situation loufoque (ici recupérer un butin dans un réservoir) et développe une intrigue semi sérieuse où son héros fétiche, Dortmunder, s'y reprend à plusieurs fois pour réussir un de ses plans. Autour de cette intrigue principale, Donald Westlake tisse une série d'intrigues secondaires en faisant intervenir de plus en plus de personnages qui auront un rôle à jouer dans la dernière partie du roman. C'est souvent dans ces scènes annexes que les ressorts comiques sont activés comme par exemple une femme très guindée qui se met à jurer comme une charrettière, un employé qui croit avoir des hallucinations, et d'autres encore. L'auteur en profite aussi pour égratiner le mythe américain par petites touches, souvent au détour d'une phrase. Particularité de cet ouvrage, il a été écrit en 1980, un temps où internet n'existait pas et où l'ordinateur personnel avait du mal à convaincre de son utilité, et pourtant Westlake utilise un personnage fou d'informatique qui va aider l'équipe à prendre des décisions sur les différents plans de Dortmunder en utilisant son ordinateur.
Au final, Donald Westlake propose un divertissement de qualité, bien mené mais peut-être un peu long avec près de 600 pages.
Note :

Le pigeon récalcitrant
Avant-goût :
A New York un jeune homme souvent victime d'arnaques reçoit plusieurs centaines de milliers de dollars en héritage de son oncle qu'il ne connaissait pas.
Chronique :
"Le pigeon récalcitrant" est un court roman - moins de deux cent pages - du profilique Donald Westlake. Avec ce faible nombre de pages on peut se dire que l'histoire est simple ou peu développée. Il y a une partie de vrai. L'intrigue manque un peu d'originalité et de folie. Certes le personnage principal est sympathique car il n'arrête pas de se faire avoir. Un bon pigeon. La situation du mec qui touche un héritage a un goût de déjà vu. Les développements sont convenus (tueurs aux trousses, flics ripoux, femmes intéressées) et même si Donald Westlake fait le job cela ne sauve pas totalement le lecteur de l'ennui.
Au final ce roman est de facture correcte mais ne génère pas d'enthousiasme et peut être zappé sans remords.
Note :

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